Formation continue

Musique à l’image : le métier de compositeur vu par une experte

Incontournable dans presque tous les domaines de la création visuelle, la musique à l’image a su se faire une place depuis les premiers films muets en noir et blanc jusqu’aux effets sonores des casques de réalité virtuelle. Au fil des décennies, elle a même acquis ses lettres de noblesse, qu’il s’agisse de la musique de film ou, plus récemment, de la musique de jeux vidéo.

À la fois communicante, musicienne et intervenante à GOBELINS Paris, Tania Saleh nous expose sa vision de la musique à l’image, aux carrefours de multiples influences, appuyée par les nouvelles technologies mais avec une intention et une sincérité artistique toujours inflexibles.

Illustration de Tania Saleh représentant une femme tenant une guitare
Crédits ©Tania Saleh


Tania Saleh,
Communicante, musicienne et intervenante à GOBELINS Paris

Titulaire d’une licence en beaux arts et publicité de la Lebanese American University et d’une maîtrise en arts plastiques de la Sorbonne, Tania s’oriente rapidement vers la production audiovisuelle en assurant dès le démarrage de sa carrière la direction artistique d’une chaîne de télévision libanaise.

Ce moment charnière lui permet d’explorer différentes techniques via le tournage en studio, le dessin pour l’image, l’animation sur écran, le montage, la réalisation de bandes sonores de séries et d’interludes publicitaires.

Portrait de Tania Saleh

   

C’est également à cette période qu’elle entame une seconde activité d’autrice, compositrice et interprète en démarrant son premier album en 1996. Cette curiosité pour la musique indépendante au Liban et dans les pays arabes ne la quittera plus puisqu’elle sortira par la suite pas moins de sept albums pour lesquels elle produira elle-même les clips, et réalisera les affiches ou encore les pochettes.

Son activité prolongée au sein de l’agence Leo Burnett Advertising lui permettra de financer sa musique et pour laquelle elle obtiendra une reconnaissance à l’international.

Installée en France depuis 2022, elle anime plusieurs ateliers de musique à l’image et poursuit actuellement une formation pour devenir enseignante en école d’art. En parallèle, elle travaille à la production de deux nouveaux albums, l’un sur le thème de l’exil et l'autre destiné  cette fois aux enfants.

La musique à l’image, qu’est-ce que c’est ?

Lorsque l’on travaille dans l’audiovisuel, on réalise rapidement qu’une image ne peut exister sans musique. Une musique pertinente permet d’impliquer davantage le spectateur en racontant une histoire dont on module la gravité suivant l’intensité du message à transmettre.

Les premiers films de Chaplin ou de Méliès n’auraient pu exister sans musique car ils auraient été dénués de sentiments. La musique à l’image est un vecteur d’émotions permettant de ressentir de la joie, de la colère ou de la tristesse et d’accompagner un drame comme une fête.

Aujourd’hui, elle est omniprésente puisqu’on la retrouve aussi bien au cinéma via le title design notamment que dans les films d’animation, la scénographie, la projection numérique ou le jeu vidéo où chaque mouvement doit être illustré d’un effet sonore ou d’une musique.

Comment a évolué la musique à l’image ces dernières décennies et plus particulièrement avec l’arrivée du numérique ?

Les musiciens ayant évolué avant les années 2000 se souviennent que la préparation d’un morceau nécessitait l’enregistrement de chaque instrument en studio sur des pistes séparées puis l’enregistrement des chansons sur pellicules sonores. Presque du mixage live a chaque ajout de piste finalement.

Tout s’est ensuite considérablement simplifié avec l’arrivée de logiciels tels que Pro Tools qui permet un mixage directement depuis l’ordinateur. Grâce à Logic Pro X, j’ai ainsi pu composer plusieurs chansons sans recourir à un quelconque instrument. La chanson “Je rêve” par exemple a été intégralement enregistrée durant le confinement à l’exception de la guitare pour laquelle le son de Logic ne convenait pas. En ajoutant l’animation maison du clip, l’ensemble du projet a duré quatre mois.

Toutefois, si la façon de créer de la musique a beaucoup évolué, le plus important reste la passion, l’histoire ou le concept que la meilleure des techniques ne pourra jamais remplacer.

Quelles qualités faut-il pour être un bon compositeur de musique à l’image ?

La sensibilité et la passion sont bien sûr indispensables. Ce sont elles qui permettent de se distinguer, d’imposer son propre style sans se répéter. De nombreuses bandes originales issues du cinéma hollywoodien se ressemblent, laissant à penser qu’il existe une unique formule (même si des exceptions issues d’anciens films de grands studios américains ou de comédies musicales existent bien sûr).

Les compositeurs européens ont une approche très différente, osent questionner les règles et sortir de leur zone de confort. C’est une vraie forme de courage.

Au Japon également, Ghibli est l’exemple parfait de la compréhension entre un réalisateur (Hayao Miyazaki) et un compositeur (Joe Hisaishi). Ces personnes partagent le même univers visuel et sonore et c’est cette connexion hors du commun qui leur permet d’aller encore plus loin dans la création.

Mais l’élément le plus important est sûrement la curiosité pour soi et pour les autres. Il faut être ouvert au monde et créer avec amour. Le fait d’avoir évolué dans plusieurs milieux en même temps (publicité, musique, arts visuels) m’a donné la possibilité de croiser des réalisateurs, des acteurs, des photographes, des graphistes, des compositeurs ou encore des poètes avec qui, parfois, de véritables alchimies se sont créées.

Comment se déroule la formation Musique à l’image de GOBELINS Paris et qu’est-ce qui attend les participants ?

À travers divers modules et différents profils d’intervenants, l’objectif de la formation est de comprendre comment les mondes de l’audio et de l’image ont émergé et comment leur mariage a résisté à l’épreuve du temps.

Pour cela, on se plonge d’abord dans l’histoire du rapport entre visuel et musique. Puis on explore la relation entre les musiciens et leurs images, notamment au travers d’affiches, de pochettes de vinyl, de disques, de clip ou de comédies musicales en faisant un détour par les formes artistiques émergentes telles que les concerts virtuels, la musique interactive, etc.

Le contexte posé, les stagiaires passent à la partie pratique en composant des musiques en petits formats pour des courts métrages, des petits films, des publicités, des jeux vidéo, des performances artistiques ou des expositions immersives.

Ils pourront enfin travailler à la création de leur propre signature sonore qu’ils pourront ensuite exploiter sur un film, une vidéo, un podcast ou sur leur site web.

La démocratisation de l’IA chamboule les pratiques artistiques. Comment cela pourrait-il impacter la musique à l’image ?

L’arrivée de l’IA doit s’accompagner d’un vrai questionnement sur la qualité de la création. L’intelligence artificielle est-elle capable de comprendre les subtilités d’un film pour en composer la musique ? La démarche va-t-elle être aussi sincère que celle d’un artiste passionné ? La possibilité de créer de la musique à très bas coût ne risque-t-elle pas de s’accompagner d’une diminution de la qualité musicale au global ?

Comme pour l’ordinateur, la seule utilisation de l’IA ne pourra suffire à la création d’une œuvre possédant son propre style et qui ne soit pas qu’une simple reproduction de ce qui a déjà été fait avant. Les gouvernements vont, par ailleurs, avoir un réel rôle à jouer dans le cadrage de l’IA

Ne pas définir de limites, c’est courir le risque d’être confronté à des créations sonores qui se ressemblent. Toutefois, certaines organisations s’organisent déjà. C’est le cas de la SACEM qui a choisi de ne pas servir de base d’apprentissage pour l’IA grâce à un “opt-out, laissant ainsi par défaut le choix aux artistes de définir eux-mêmes s’ils souhaitent nourrir l’intelligence artificielle avec leurs créations ou non.

Extrait du booklet de l’album 10 A.D de Tania Saleh - Consulter les autres booklets

Extrait du booklet de l’album 10 A.D de Tania Saleh
Extrait du booklet de l’album 10 A.D de Tania Saleh

Un projet dont tu es particulièrement fière et que tu voudrais partager avec les lecteurs et lectrices ?

Probablement l’album sur lequel je travaille actuellement et qui se destine donc aux enfants. J’en rêvais depuis des années et j’ai enfin l’opportunité d’y consacrer toute mon énergie.

Je compose les chansons moi-même sur Logic Pro X et réalise sur ordinateur des animations préalablement dessinées à la main. L’objectif est de permettre aux enfants du Levant de conserver un lien avec leurs racines tout en apprenant la langue.

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Bianca Rabascall

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Actualité publiée le 30 avril 2024